1972

C’est un peu par hasard que je découvre le Taichi. Les cours à Lausanne étaient donnés par Lizelle Reymond (1899-1994), orientaliste et écrivain, élève de Dee Chao, lui-même élève de Zheng Manqing (Chen Man-Ching). C’est en vraie pionnière, statut qui convenait bien à son tempérament, qu’elle débute son enseignement en 1965. De Genève où elle habite, elle fait les trajets chaque semaine vers Paris et Lausanne pour nous transmettre avec une extrême rigueur cet art du mouvement encore méconnu en Occident. Lorsqu’elle part à la retraite, le paysage du Taichi a bien changé : les opportunités de pratique se sont multipliées et les maîtres chinois visitent l’Europe.

Maître Wang Yen-nien

C’est ainsi que je rencontre Maître Wang Yen-nien invité par Luc Defago son élève. Luc Defago a étudié plusieurs années à Taïwan avant de rentrer à Genève et d’y ouvrir une école. Maître Wang se déplaçant tous les deux ans en Europe, ce premier stage pour moi sera suivi de nombreux autres. Le reste de l’année je suis régulièrement les cours et les stages de Luc et contribue en 1990 à l’ouverture de deux cours à Lausanne. Quatre ans plus tard, Luc me propose de reprendre ses cours à Fribourg et Lausanne et de poser ma candidature auprès du Collège européen des enseignants dont je deviens membre en 1995.

Le cursus de l’école de Maître Wang est très complet. Il comprend en plus de l’enchaînement court (les 13 postures) et de l’enchaînement long (127 mouvements), l’étude des applications martiales, de la poussée des mains (Tuishou), des armes (épée – éventail) et du travail interne (Neigong).

Formation continue

Si chaque pratiquant de Taiji peut clairement dater les débuts de son apprentissage, il comprend très vite que l’acquisition de cet art n’a pas de fin. Je poursuis donc ma formation en assistant aux séminaires du Collège et aux cours de mon professeur Charles Li. C’est en 2001 lors d’un stage au daoguan Wang Yen-nien à Taïpei que je fais sa connaissance à Yuanshan, un parc dans la ville très fréquenté par les pratiquants d’arts martiaux.  Elève de maître Wang puis enseignant en France où il suit des cours à la Sorbonne dans les années 80, Charles Li possède la maîtrise innée du mouvement et la faculté rare de faire le lien entre exigence chinoise et pratique occidentale. Retourné à Taiwan, il s’établit à nouveau à Paris en 2004. Depuis, je le rejoins régulièrement aux jardins du Luxembourg où je suis son enseignement qui pour moi représente la transmission la plus subtile de l’école Yangjia Michuan Taiji quan.

En Chine

Tout pratiquant de Taiji éprouve un jour ou l’autre l’envie d’aller visiter le pays des origines pour s’imprégner de la culture d’où sont issus les arts martiaux.

C’est ce que je fais en 2007 en m’inscrivant au voyage organisé par l’école Ling Gui dont le chef de file est Liu Dong, maître reconnu de Qi Gong. La visite du temple  de Wei Bao Shan dans les montagnes du Yunnan m’offre une nouvelle ouverture, une nouvelle transmission, celle de Maître Liu Yuan Tong.

La persévérance est la qualité première pour la pratique et à plus forte raison pour l’enseignement des arts internes chinois. Impossible de parler de tous les stages et séminaires que j’ai suivis, des enseignants, des médecins spécialistes d’énergétique chinoise et des différentes techniques qui lui sont associées que j’ai rencontrés. C’est à toutes ces transmissions et à toutes ces pratiques que je dois de pouvoir enseigner avec compétence et bonheur aussi bien le Taiji que le Qi Gong.

Nicole Henriod, juin 2011