J’ai rencontré pour la première fois Lizelle Reymond en 1972 en accompagnant un ami qui se rendait à son cours.
Du Taiji je ne connaissais que le nom mais tout ce qui concernait le mouvement m’intéressait. La fluidité et la lenteur de cet enchaînement qui semblait dérouler une histoire sans fin, m’ont séduite immédiatement.
Lizelle Reymond fut la première à faire connaître le Taiji en Europe. C’est aux USA qu’elle en apprit les mouvements auprès de son Maître Dee Chao.
Elle ouvrit des cours en 1965 à Lausanne et à Genève puis dès 1970, à Paris.
Ainsi, à plus de 70 ans, elle faisait chaque semaine le voyage aller-retour en train couchette, animée par la conviction profonde que le Taiji était une discipline nécessaire à l’Occident.
« Le Taiji fait découvrir une possibilité d’équilibre qui est en soi (…) La découverte de cet équilibre intérieur permet de ressentir la fluidité naturelle de tout mouvement, d’où la possibilité d’écarter de notre vie les tensions et la fatigue nerveuse. Cette harmonie du corps et de l’esprit permet ainsi d’accéder à une nouvelle conscience de notre être dans le monde ».
Cette citation est tirée des notes que m’a aimablement envoyées Antoinette Sulser, assistante de Lizelle puis enseignante à Lausanne.
Elle résume fidèlement ce que m’a transmis Lizelle Reymond.
Je me souviens de l’extrême rigueur avec laquelle elle enseignait chaque mouvement, insistant sur l’exactitude du placement des pieds, de la position du bassin, comme « réserve d’énergie tranquille », et du rôle essentiel de la colonne vertébrale, axe entre le Ciel et la Terre, un principe fondamental de l‘énergétique chinoise.
Ces notions qui me sont maintenant familières, représentaient alors un langage totalement inédit.
J’ai eu l’occasion de rencontrer par deux fois Maître Dee Chao, à Cartigny près de Genève. C’est là que se retrouvaient chaque été tous les élèves de Paris, Genève, Lausanne et la Chaux-de-Fonds.